Comme une vague au milieu de la nuit,
elles sont venues d'un coup, les mouettes.
La mer tanguait sous leur voix et l'air
embaumait l'iode et le varech. Je me suis
dressé, le drap n'était plus la surface
étale du soir mais un océan de ridules
brossées par la pluie ; le coup de tabac
soudain qui alerte les marins et fait trembler
les familles. Le ventre gonflé de sardines,
le chalutier avance lentement, bondit, s'envole
sur une crête puis plonge lourdement. L'air est
de plomb. Vide. Nul gabian, nul goëland, nulle
mouette. Les oiseaux reviendront au matin quand
le bateau, accablé de sommeil, ouvrira confiant
ses cales à la plongée subite d'un bec, avide
de reflets d'argents et de sourires figés. Alors,
oubliant le chant des mouettes, je me coucherai
et de la nuit retrouverai la lente litanie.