samedi 14 juillet 2018

Le moulin et le feu

à Anaïs

Dans les bras de son père,
la petite tient son moulin,
comme une fée sa baguette.

Le visage de son père s'écarte,
un temps, de sa joue pour souffler,
une fois, deux fois, trois fois.

Les pales de couleur commencent
à tourner. L'obscurité se fait
et son père n'oubliera jamais

deux yeux ronds de charbon,
fixes sur ses joues gonflées.
Les minutes passent, le moulin

ne cesse de tourner quand, soudain,
un vacarme de couleurs se fait
entendre, dans le dos de la petite

qui frissonne et se serre contre
la joue au souffle suspendu.
Elle est courageuse et jamais

ne pleure alors que la guerre
inconnue embrase le ciel qu'elle
zèbre longuement sur des airs

d'opéra. La petite n'en peut plus
et s'endort, secouée à chaque
nouvelle salve. Les lumières

de la ville se réveillent, la foule
commence le lent repli, le feu cesse,
et le moulin recommence à tourner.