Les blés murs se couchent
sous le vent et des hommes
ignorent les lignes de sang.
La pierraille du chemin roule
sous le pas lourd des marcheurs.
On incline la tête ou lève brièvement
son couvre-chef. Les saluts mêlent
les langues et les accents. Au détour
du regard, dans un buisson touffu,
une masse de granit marquée de chiffres
se tait et veille : la borne frontière.
Que jamais plus son granit, des larmes
des fugitifs, de la sueur des arrivants,
ne se couvre. Il fait si beau dans le ciel
et l'épaisse chevelure des blés frissonne.