Rebrousser chemin au milieu des marais,
négliger l'éblouissante masse chamelière
du sel patiemment récolté.
Dans l'entrelacs des canaux vénitiens,
choisir l'avancée de terre, cette langue
avec un banc, en faire son île, la nôtre.
S'y asseoir et oublier le temps qui passe,
l'appel de l'antique cité, perdre sa langue ;
avec ses mots jouer aux osselets.
Laisser le soleil gercer nos lèvres avides.
Le soleil et puis le sel. Enfin écrire,
sans un crayon, sans une plume.
Avec nos doigts, nos pauvres doigts, nos doigts
si riches des kilomètres parcourus, ta main
dedans la mienne. Eaux vives à Aigues Mortes.