J'aime les grammaires,
en plusieurs langues.
Je les use, les corne,
les collectionne, sans
les idolâtrer. Un ami
futur fait publier une
grammaire architecturale,
un fort volume élégant.
Je lui réponds par de
menues grammaires de
l'infime, dérisions
codifiées qui fondent
nos pauvres vies. Ainsi
en est-il du ballast des
voies ferrées, basalte
grossier que la pluie,
la boue, la graisse des
machines noircit et unifie.
Je le caresse du regard,
en détaille la densité
rocailleuse entre rails
d'acier et traverses de
béton. Galets emprisonnés
qui de la mer ne goûteront
jamais la liberté sauf quand
les pluies torrentielles
les emportent dans le gouffre
noir. Je referme leur livre
avant de les longer, ces voies
de rêves au grammairien liées.