Sur les mers de Casa, dans son taxi,
tantôt en rouge, tantôt en vert,
il gagne sa vie par des courses rapides,
confiant aux voyageurs pressés sa vie passée,
dans les chaudes inflexions de l'espagnol
du Sud. Pour nourrir sa famille, demeurée
au Maroc, il a longtemps joint Almería, sa ville
natale, aux Canaries ou aux Îles Baléares, puis,
harassé par ces voyages au long cours, il a réduit
la voilure et s'est acheté un petit taxi au gazole,
qui ne quitte guère les limites du centre de la
métropole portuaire. Le voici qui prend en charge
une beauté brune qui connaît sa langue et qu'il hèle,
de crainte que sa robe rouge ajustée n'enflamme le
désir des désœuvrés du dense boulevard. « - Mamzelle,
z'êtes trop belle pour croiser ici, je rentre chez mon fils
partager la graine et les légumes, je vous prends ?»
Le marin taxi, vit-elle, était, aussi, un grand sentimental.