J'avais perdu ta peau,
un soir, dans le froid
de décembre finissant.
Mes doigts engourdis
formaient de vilains
mots et l'arabesque
m'avait quitté. Des jours
passèrent, de vents mauvais,
l'inspiration revenait,
peu à peu, mais pas ta peau.
Ta peau si vive, ma tendre
page de vélin.Je la croyais
perdue, fanée, définitivement
ravie à mes doigts attendris,
quand elle revint, une nuit
sombre et silencieuse, froide
sous la mince couette, bise
discrète, souffle ténu,
son odeur de fleur d'oranger
à la boutonnière et tes yeux
en porte-étendard.
Depuis, ta peau ne me quitte plus
et, si j'écris, c'est pour retrouver
sa blancheur sous mes mots ranimés.