à Vincent
Un fond de bière que je vide
lentement, sans bulle, avant
de reposer le verre bistre
sur l'ample table de bois clair.
Et cependant que l'amertume
dessèche mes lèvres et mon palais,
je pense à mon grand fils qui vient
de se lever et de prendre la route.
Il portera sa parole grave en d'autres
lieux du cercle familial, nous reliant
plus étroitement qu'une corde de chanvre.
Je souris car je sais qu'au moment présent,
dans sa voiture de location, il revit ces
heures partagées et lentement, minutieusement
savourées. Un tiers de siècle durant.