Comme une gentilhommière
au bord du fleuve, le vieux
moulin se tait et se mire
dans l'eau, nostalgique de
fêtes aquatiques qui jamais
ne s'y tinrent. La mousse
couvre les meules et les sacs
de grain ont depuis longtemps
déserté la bâtisse. Les canards
le frôlent en le raillant de leur
voix nasillarde. De temps à autre,
une ligne de couleur lui ménage
un horizon inattendu. C'est un
aviron de la proche base nautique
qui fait de son clocheton le point
stellaire d'un improbable sextant.
S'il m'était donné d'y séjourner,
j'y emmènerais Montaigne. Pour l'été.