mercredi 27 juillet 2016

Un baiser

Épuisée, parcheminée par les ans
interminables, sa peau avait tiédi
sous les baisers. J'allais quitter

mon père et ses beaux yeux bleus
s'étaient fermés en deux fentes
de chat quand il me fit un signe

muet que, tout d'abord, je ne compris
pas. Il voulait déposer, à son tour,
un baiser sur ma joue. Fugace. Pudique.

Un de ces baisers auxquels il ne m'avait 
pas habitué ou que j'avais oublié, dans
le maëlstrom de mes jours incertains.

Les rails d'acier ont depuis déchiré
le départ, la chaleur humide a effacé
l'empreinte paternelle que mes pleurs,

orphelins, depuis lors s'essaient à
redessiner dans le souvenir d'une
enfance où il était mon Dieu.