interminables, sa peau avait tiédi
sous les baisers. J'allais quitter
mon père et ses beaux yeux bleus
s'étaient fermés en deux fentes
de chat quand il me fit un signe
muet que, tout d'abord, je ne compris
pas. Il voulait déposer, à son tour,
un baiser sur ma joue. Fugace. Pudique.
Un de ces baisers auxquels il ne m'avait
pas habitué ou que j'avais oublié, dans
le maëlstrom de mes jours incertains.
Les rails d'acier ont depuis déchiré
le départ, la chaleur humide a effacé
l'empreinte paternelle que mes pleurs,
orphelins, depuis lors s'essaient à
redessiner dans le souvenir d'une
enfance où il était mon Dieu.