Il signait les compositions de mon oncle
céramiste, d'un trait de pointe sèche sur
la terre blanchie. Ambassadeur des terres
dans la mer des poètes, je le vis à foison
un jour sur un marché. On le vendait par poignées
comme de vulgaires crevettes pour le laisser sécher
avant de l'exposer. Dans la foule entassée, il perdait
sa superbe et dessinait les courbes d'un infini déclin.
Du moins le crus-je. Pendant des années, bientôt des décennies.
Jusqu'à ce jour d'avril où je le vis sur ta table. Il tenait
dans ma main et de sa lippe agaçait ma peau dure.