samedi 11 avril 2015

Un nom et une porte

L'amitié a un nom et une porte,
une porte épaisse et sombre,
qui se ferme aux importuns

et s'ouvre aux estimés. Je l'ai
poussée tard dans la nuit et
me suis laissé bercer par

le tic-tac grave et lent
de l'antique horloge rouge.
Une nuit calme, en haut

d'un petit théâtre aux rideaux
tirés. Je n'ai fait qu'y passer,
y laissant ma tiédeur,

avant de regagner la rue
et ses haleurs,. Le sol était
mouillé et déjà tu manquais.

Amie dont je tairai le nom et
la démarche mais qui, de la
marine Sète à la pierreuse

cité me donnas un boisseau
de passes d'acier doux qui,
en m'hébergeant un temps,

me rappelas combien je ne suis
que d'amis et que, rabelaisien
en diable, je ne bâtis que pierres vives

qui sont hommes. Hommes et femmes
des ports et des quartiers, sourires de
zinc, poignées de pages claires,

bruissement de pizzas sur le bois épuisé.
Vous mes amis, autour de celle que je tais,
mon fils le scientifique discutant avec

un autre scientifique, habitué du Masami.
Un guitariste et une voix en écho et ressacs
et tout près l'éditeur, souriant sur papier.

Il y eut, de tous, les plus chéris : le couple neuf
d'une institutrice et d'un médecin des sourires
venus du pays des têtes plates en terres de jouteurs.

Et puis ces moins connus qui du septentrion vinrent
ici bas croiser le mot et boire la sève claire avant que de
partir légers dans la nuit sans appel.