De bar en bar, ta voix se fendille,
nul ne s'en aperçoit, tu me le confies
et tu le crains. Je ne le perçois pas.
De bar en bar, d'amie en amie, la vie
passe et court, plus vite que ta voix,
qui ne suit. Le comptoir sombre, vernissé
est un miroir fidèle pour tes mains, jamais
pour elle, et tu crois qu'elle se perd dans
les méandres des conversations. Combien
de centaines de promeneurs affairés croisés,
pour qui la boisson n'est qu'une étape, le sourire
de l'autre, une vraie nécessité. Je pense aux antiques
balises de métal entamé, rouges et blanches. Je voudrais
qu'elles retiennent, pour moi, un peu de ta voix laissée,
ce soir là. De bar en bar, d'âme en âme, jusqu'à la nuit.