Simone est morte,
le soleil s'est voilé.
Elle fut notre vraie tante.
Du cœur et de l'âme, pas du
sang. Je l'ai toujours connue.
La première, elle a reçu ma bouillie
sur son visage et ses longs cheveux
noirs. Elle était de tous nos repas,
des fêtes familiales. Les chocolats,
sans elle, perdront de leur saveur et
les bibelots improbables qu'elle nous
offrait ternissent désormais à nos yeux.
Enfants, mon frère et moi, nous nous moquions
gentiment des tics qui l'affectaient.
Elle aima un homme à la folie. Il lui
promit beaucoup et ne tint jamais rien.
Il mourut, la laissant dans l'ombre et le soin
de parents vieillissants. Les années passèrent
et elle trouva refuge en haut d'une tour terne
et ventée en compagnie d'une autre esseulée,
à chats et chiens, celle-là. La compagne mourut,
la maladie grandit. Bravant la souffrance, elle
nous rendait visite. Nous allions la chercher.
Elle parlait peu, son cœur était serré. Elle nous
aimait beaucoup. En sa présence nous étions ces
enfants gauches qu'aujourd'hui nous redevenons, Alain
et moi pour lui rendre hommage. C'était une personne de
bien.