dimanche 19 mars 2017

Barcelone la nuit

Comme la Vénus aux tiroirs
de Dalí, aux bois fermés sur
mille pelotes.

Comme un théâtre grec dont
les rideaux tirés à l'est et au
sud cacheraient la vie

aux yeux des insomniaques
telle est la ville. Les cris longs
des ivrognes esseulés sont

balises pour de rares camions
des marchés. L'air est lourd qui
naguère s'emplissait de rires et

de bulles. La parole, bilingue,
polyglotte n'est plus que dans
le lent cliquetis des réclames

en façade. La nuit des fêtards
n'est plus et le matin industrieux
n'est pas encore. On se pencherait

à la fenêtre que l'on croirait percevoir
l'odeur un peu âcre de la pâte qui lève
dans un dimanche d'hiver, l'ultime

avant que le printemps ne prépare des
pas neufs. Les bars sont éteints, le ciel
est d'encre et les vagues sont muettes.

Où est la Bar-Cel-Ona des jeux ? 
Mariscal l'a quittée. Mais elle demeure
aux fanions qui en proclament l'auguste

jubilé. Le rideaux sont tirés, sur l'antique
théâtre. À l'est et au sud. Un dimanche 
de mars les ouvrira, je sais.