dimanche 12 mars 2017

Joconde et moustaches, six-six-onze

«La Joconde sourit
parce que tous ceux qui
lui ont dessiné des moustaches sont morts.»

Malraux, bien sûr. Pas le souffle du Jean
Moulin au Panthéon, non : la culture inquiète
de La tête d'obsidienne. Combien de marins,

combien de capitaines... Oh, pardon, non.
Combien de Joconde ont-elle porté la moustache,
comme une facétie ou le dévoilement abrupt

d'une sexualité de l'entre-deux. Cent quatre-vingts,
oui, vous m'avez bien lu, cent quatre-vingts. Et Duchamp,
le plus connu, n'est pas le premier ni le dernier, fouchtra.

«In medio stat virtus». Ça ne manque pas de sel pour un
surréaliste. Mais c'est oublier un peu vite que l'on accusa,
de la bouche d'un commissaire à moustache, Apollinaire de

l'avoir dérobée alors que ce fut un simple maçon italien,
anarchiste, dit-on, qui la roula sous son bras avant de
prendre son vélo dans la rue d'à côté. Joconde, de joie

intemporelle. Joie fugace saisie sur l'instant et qui passe
les siècles. L'opposite du contentement stérile. Vous me proposez
la vierge Marie, pour veiller sur mes jours ? Allons donc, je lui

préfère mille fois la Joconde de Vinci, son bienveillant silence,
ses dimensions petites, sa considération bonnasse de nos vies, nos
pauvres vies. Ou bien Marianne, aux mille traits, intouchable liberté.