mardi 21 mars 2017

Une journée d'échanges

Le printemps était entre les rails
polis. Dans les herbes poussiéreuses
et les fleurettes jaunes insensibles

au vacarme des convois de marchandises,
hétéroclites assemblages de parallélépipèdes.
Ils échangeaient des mots, des sensations,

ignorants de la vie qui, là-bas, déjà grouillait.
Des portraits se croisèrent, sans complaisance
aucune. Ecce homo. Mulier et vir. Miroir

de sorcière qui croit dessiner un futur dans
l'examen des vestiges d'un passé engagé. 
Les mots  s'échangeaient. Les sourires fleurissaient.

Un regard étranger, se portant tantôt sur l'une,
tantôt sur l'autre, en eût établi avec certitude
la gémellité. Les mots de la tribu étaient usés

qu'ils se refusaient à employer. Spring. Pulsion
de vie d'entre la mort. Herbes rudérales aussi
belles que leurs consœurs des champs. Il n'est

de peau qui se ride ou de cheveu raréfié qui ne
vale mille fois le prix des impostures à l'écran
affichées. Échanges. Toute une journée. Et la nuit

qui soudain les avale, chacun dans ses appartements.
Un regard étranger, se portant tantôt sur l'un, tantôt
sur l'autre, les eût aimés. Assurément.