Train J, à hauteur de Poissy
Voiture bondée. Sur un strapontin,
comme au théâtre, elle lit. À ses
pieds, de petites chaussures noires,
délicatement lacées. N'étaient leur
taille et le discret talon, on les
dirait d'hommes. Le noir a pâli.
L'usure est marquée sur les bords.
Ce matin, tôt, elle les aura chaussées
machinalement. Et, pourtant, il fut un
jour, proche et lointain, où elle les
choisit et s'en émut dans le miroir bas,
en abymes sans fin; j'eusse alors aimé
voir son sourire. Crissements. Saint-Lazare.
Jardin Tino Rossi, en son premier tiers
avec parsimonie. Gestes lents, les doigts de
la main droite se perdent dans le duvet blanc.
Ses yeux s'y fixent, étrangers à la ville alentour.
Air poudreux des fumées automobiles, klaxons sans
fin. Il n'en a cure. Il déguste. Nous sommes passés.
Jardin Tino Rossi, en son dernier tiers
Les voitures rangées de la Brigade fluviale attendent
un hypothétique appel ; sur le ponton de la péniche-
bureau, deux agents jouent aux cartes. L'heure tourne
et déjà nous pensons à gravir la pente qui conduit à
la Seine et, au-delà, à la gare de Lyon. Une jeune fille,
soudain nous bouscule, presque, dans un justaucorps bigarré.
«Psychédélique», dit mon fils. Elle ne court ni ne voit.
Que fait-elle ? Et que font à présent ces trois personnes ?