mercredi 29 mars 2017

Si mon grand-père...

Si mon grand-père avait été coiffeur,
au lieu de cafetier, ma soif de vie 
s'en trouverait-elle changée ?

Je me souviens du casque que ma mère
disposait chaque mardi sur la tranche
de la porte sans que je ne comprisse

vraiment comment il tenait. Hiératique,
elle s'y tenait des heures avant de nous
ravir de son port de reine. Mais Pépé,

mon grand-père adoré ? Les exemples me
manquent, même celui de Roger qui me
coiffa pendant vingt-six ans, du temps

que j'avais une abondante chevelure. Non,
je pense au mari de la coiffeuse et à 
Jean Rochefort, si éloigné de Pépé.

Je ferme les yeux, écoute le scintillant
mouvement des lames de Nogent, respire
à pleins poumons, la lotion capillaire

et entends Oum Khalthoum, la divine, l'unique,
cette autre La Callas, sans qui ma vie, je 
crois, n'aurait pas été tout à fait la même.