vendredi 29 mai 2020

Le deuil des cerises

Je n'ai pas voulu acheter de cerises.
Pas encore. Pas pour le moment.

Ni les acheter, ni les chaparder sur
le bord du chemin, comme nous aimions

le faire, Hadrien et moi. Les cerises,
dans mon souvenir, déclinent, sous les
doigts, la palette des rouges, depuis

la tendre enfance jusqu'à la bauxite 
du couchant. Mon regard, à présent,

diffère le moment de les ravir, puis
de les croquer, yeux clos, en prenant

garde à ne pas avaler le noyau qui assure
la perpétuation de l'espèce. Ravissement.