J'aime laisser le quotidien m'envahir,
m'éloigner des livres et de l'écrit,
jusqu'à me bousculer à une heure
saugrenue et me rendre à leur présence
indispensable. Caressant du regard
le dos des recueils aimés, je commence
à récrire, sans me récrier, à ébaucher,
en tercets libres, l'examen du monde
qui m'environne et de sa profusion
négligée. Je peux enfin donner libre
cours à mon émotion devant une fourchette
tordue par l'effort maladroit d'un enfant
ou le goutte à goutte d'un robinet mal
fermé. L'ambition viendra plus tard, au
détour d'un mot ou de lèvres réinventées.