Que reste-t-il des moments brefs
et délicieux, à la tombée du soir,
quand l'air fraîchit sur Llívia
ou que la tiédeur berce encore
les barques du couchant à Mahon ?
De la douceur et l'alcool sucré
du Pacharán ou âpre et fleuri du
gin Xoriguer. Le bruit léger des
conversations en trois langues,
le regard qui fond dans l'obscur
et les mains qui se frôlent. Bien
sûr, les rêves se sont évaporés dans
l'Europe confinée puis, frileusement,
déconfinée. Les sourires se suspendent
derrière les petits masques en papier
mais les yeux pétillent, avides de ces
moments d'absolue innécessité qui sont
le sel de la vie et le ferment de mes vers.