mercredi 20 mai 2020

Les rêves évaporés

Que reste-t-il des moments brefs 
et délicieux, à la tombée du soir, 
quand l'air fraîchit sur Llívia

ou que la tiédeur berce encore 
les barques du couchant à Mahon ?
De la douceur et l'alcool sucré

du Pacharán ou âpre et fleuri du
gin Xoriguer. Le bruit léger des
conversations en trois langues,

le regard qui fond dans l'obscur
et les mains qui se frôlent. Bien
sûr, les rêves se sont évaporés dans

l'Europe confinée puis, frileusement,
déconfinée. Les sourires se suspendent
derrière les petits masques en papier

mais les yeux pétillent, avides de ces
moments d'absolue innécessité qui sont
le sel de la vie et le ferment de mes vers.