Au fond du deuxième tiroir
du bahut de ma mère, elle
t'attend, silencieuse,
ayant déjà perdu plusieurs
pétales. Son rose, vivifié
autrefois par le vent du désert,
a viré à l'ocre clair et sa surface
s'est patinée sous les ans et dans
l’obscurité d'un tiroir français,
du nord au sud, sur plus de soixante
années. Friande de la chaleur d'une
main, elle est boussole du cœur qui
la saisit et ferme aussitôt les yeux
pour traverser les mers et vaincre,
délibérément, les sortilèges du temps.