jeudi 2 octobre 2014

(cinq)

Derrière le verre glacé de la fenêtre,
papillonne, insistent, tenace, à ta recherche,
un vieux bourdon blanchi.
Je te vois sourire ;
tu sais que c'est bon signe, qu'il te portera chance.
Que tu auras de la chance. Que tout ira bien.
(Comment se fait-il que tu ne saches pas si tu es tombé amoureux
de la robe verte ou de la femme
qui la portait ?;
Comment peux-tu ne pas être certain de savoir si l'excitation naissait
de l'épaule découverte
ou de la bretelle du soutien-gorge ?)

All shall be well. Le bourdon bénéfique
s'en est allé.
(comment se peut-il que tu ne saches pas
si tu veux ce que tu désires
ou si tu veux ce qui met un frein à ton désir ?)
Le reste, non,
mais ces cheveux sur le visage,
tu les vois encore.

Esteve Miralles, Comme si tu avais le temps, traduit du catalan par M. Bourret Guasteví


(cinc)

Darrera del vidre glaçat de la finestra,
hi papalloneja, insistent, tenaç, buscant-te,
un bell borinot blanc. 
Veig com somrius;
saps que és un senyal bo, que et durà sort.
Que tindràs sort. Que tot anirà bé.
(¿Com pot ser que no sàpigues si et vas enamorar
del vestit verd o de la dona
que el duia?,
¿com pots no estar segur si t’excitava
l’espatlla descoberta
o la tireta dels sostens?)

All shall be well. El borinot benèfic
se n’ha anat. 
(¿Com pot ser que no sàpigues
si vols el que desitges
o vols el que et permet frenar el desig?)
La resta no,
però aquells cabells damunt la cara,
encara els veus.