Je ne crois ni aux lieux ni aux espaces,
je ne crois qu'à l'avoir lieu et aux
espaces-temps. Et quand je vois un café,
je l'imagine la nuit venue, porte close.
Ce matin, dans la lumière laiteuse de Béziers,
j'imagine le Bar à Lire de Sète où je fus naguère.
Dans l'entre-deux. Après le coup de feu de midi,
fourneaux éteints. L'odeur des mets partagés
flotte encore, se mêlant aux vents coulis qui apportent
la rumeur du port. Je suis assis dans l'encoignure,
un volume ouvert entre le pouce et l'index. C'est un
vieux livre, imprimé sur papier bouffant. Il y est
question d'un port et de gens interlopes, je crois y
reconnaître la main de Carco, mais suis trop fatigué
pour m'en assurer. Je laisse les lignes danser, je me
penche sur la page et en fait ma plage. Supplique pour
y être enterré.