dimanche 26 octobre 2014

Sous-bocks

Une main amie m'envoie
de Lille un sous-bock
frappé d'un nom singulier,
"Queue de charrue".

Négligeant les encyclopédies,
je laisse divaguer l'esprit.
Je connais ses quatre doigts
qui en maintiennent le rond

- où est le cinquième ? - mais
ignore tout de la bière qui y
reposa un temps, imbibant le
carton imprimé de son ambre

amère. Le pub lillois est loin
et l'amie qui l'y accompagna
tranche la France d'un éclair
bleu et gris. Silence de l'offrande,

clin d'œil de l'amatrice de marque-pages
qui sait que je rythme la longue durée
de tickets de caisses entre les pages
d'un livre comme autrefois faisait

ma grand-mère avec des fleurs séchées.
Son sous-bock jamais ne s'insérera entre
les pages aimées mais ma pupille s'en marque
à jamais et ma main qui vous écris

en cet instant précis, vous en fait la promesse,
il sautille, dans mon esprit, d'un livre à
l'autre de ma bibliothèque chérie : Apollinaire,
Stendhal, Montaigne, Lorca et Vinyoli.