dimanche 12 octobre 2014

La plage

La plage est loin et déjà les couleurs
se fanent. C'est le soir des comptoirs,
les cuivres tintent, la bière embaume.

Le spectacle des allées, affadi par le
crépuscule, perd pied au profit de la
salle. Dans mes chaussures, le sable

crisse et, sans que nul s'en doute, je
joue avec mes orteils à mimer cette
promenade qui ne fut pas et dont je

rêve. Le vent d'octobre efface les pas
des baigneurs, ici je ne le sens pas
mais le perçois en fermant les yeux.

Pourquoi faut-il, A***, que ton visage
le supplante, et me laisse désemparé
face à la lueur jaune du bock ?

Je souris. Tu n'y es pour rien. C'est la
fantaisie d'un poète du dimanche qui,
sous bien des aspects, est un fieffé gredin.