dimanche 5 octobre 2014

ECCE MULIER : ton corps au matin

La fatigue de la veille s'en est allée
avec le parfum de lavande des draps frais.
Tu dors, nuque brisée contre le lin froissé.

Au dehors, des coups de feu sporadiques rappellent
l'automne. Des hommes en bottes battent la nature
brumeuse. Tu es nue, respires à peine, ton corps est

pâle qui repousse l'Histoire de quelques heures ou,
peut-être, de quelques minutes. Je me penche et te
respire. Je ferme les yeux pour mieux te revoir.

Nous fûmes unis peau à peau, souffle à souffle, t'en
souvient-il dans ton sommeil profond ? Il n'importe.
Dehors, quand les chasseurs s'en seront allés, le laboureur

entamera la glaise froide de son soc inclément. Silence du
labour, suspens de la vie circulaire, déjà mes paupières
m'engluent. Je me couche à ton côté et te rejoins. Enfin.