vendredi 21 novembre 2014

Pensant-te, pensant en tu / En te pensant, en pensant à toi

Com és que algunes lletres petites,
alguns caràcters menuts, de color, cert,
però menuts, canvien tant el sentit d'una
indiscreta evocació ? Penso en tu i t'imagino.
De fet et penso, més ben dit. T'invento, no sé
res del que estàs fent, ni dels teus somnis i
pensaments. Si parlés clarament, diria que no
et conec. O tan poc. Però t'endevino. Llavors,
penso en tu o penso amb tu? Joc insegur de les
preposicions. El funàmbul rastreja el riu dels
placers, buscant palletes d'or de pedra en pedra
en perpètua xarranga. El meu guia és la lletra de
Lax'n'Busto. «Perquè crema tant l'absència [...]
Pensant en tu, em marxen tots els mals.»
Però s'ha fet tard i la lluna, cansada, ja no em
parla. Retrobo els llençols clars com a pàgines
verges o com a la platja tèbia on mai ens passejarem.

***

Comment se fait-il que quelques lettres petites,
quelques caractères tout fins, en couleur, certes,
mais tout fins, changent à ce point le sens d'une
indiscrète évocation ? Je pense à toi et je t'imagine.
En fait, je te pense, plutôt. Je t'invente, je ne sais
rien de ce que tu fais, ni de tes rêves, ni
de tes pensées. Si je parlais clair, je dirais que je ne
te connais pas. Ou si peu. Mais je te devine. 
Alors, je pense à toi ou c'est à toi que je pense ? Jeu incertain des
prépositions. Le funambule quadrille le fleuve des
orpailleurs, cherchant des pépites de roche en roche
en perpétuelle marelle. Mon guide, ce sont les paroles de
Lax'n'Busto. «Pourquoi l'absence brûle-t-elle tant [...]
En pensant à toi, tous mes maux s'en vont.»
Mais il est tard et la lune, fatiguée, ne me 
parle plus. Je retrouve mes draps clairs comme des pages
vierges ou comme cette plage tiède où jamais nous ne nous promènerons.