A Maryse,Gilbert,
Vincent, Florence, Xavier, Jérôme, Victor, Hadrien i Martí.
Avui faig anys
i pensava que eren hores,
dormit al costat de mon infant
petit a ma casa silenciosa.
Li acaricio la galta amb la mà
com feia ma mare quan tot just
el món em parlava. Era a l'extrem
nord de França. I aquí som al sud.
L'acompanyaven mon pare i sa cosina
gran de s'illa nostra callada.
Al port, en blanc i negre, ja m'imaginava
vaixells mineralers que mon pare, duaner,
de nit tan sovint controlava. Avui faig anys
i ric d'imaginar coses que no passaren. Llegeixo
l'antologia d'uns amics retrobats, d'uns amics
coneguts, començant per la fi on s'agrupen vells
poetes joves, nascuts el mateix any que jo i que
de Kavafis encara senten l'ombra fecunda i viva.
***
À Maryse,Gilbert,
Vincent, Florence, Xavier, Jérôme, Victor, Hadrien et Martí.
Aujourd'hui je célèbre des ans,
moi qui pensais que c'étaient des heures,
endormi au côté de mon enfant
petit dans ma maison silencieuse.
Je caresse sa joue du doigt
comme le faisait ma mère quand tout juste
le monde commençait à me parler. C'était à l'extrémité
nord de la France. Et ici nous sommes au sud.
Elle était accompagnée de mon père et de sa grande
cousine de notre île bien tue.
Dans le port, en noir et blanc, je m'imaginais
ces minéraliers que mon père, douanier,
la nuit si souvent contrôlait. Aujourd'hui c'est mon anniversaire
et je ris d'imaginer des choses qui jamais ne se passèrent. Je lis
l'anthologie de deux amis retrouvés, de deux amis
connus, commençant par la fin où sont regroupés de vieux
jeunes poètes, nés la même année que moi et qui
de Kavafis perçoivent encore l'ombre féconde et vive.
