mercredi 26 novembre 2014

Ta capuche

Place de la Préfecture,
il pleuvote, je m'adosse
à Gibert emplastiqué.

Tu arrives, d'un pas vif
et lent à la fois. Dans tes
bras, mon vieux parapluie.

Tu viens me le rendre. Après
sera le salon, nous ne le savons
pas. Je m'inquiète : et si la pluie

redoublait ? Tu ne parles pas et frôles
le col de ton manteau court gris
pailleté. Une capuche s'y tient prête,

son épaisseur m'invite, je n'ose la
déployer. Je pense à un ami qui, il y a
longtemps, dormait la nuit dans son kabic

et ne trouvait le sommeil qu'à l'abri de sa
capuche. Il avait les cheveux couleur des tiens.
Y parviendrais-tu ?, je n'ose te le demander.

Question saugrenue, nous marchons et oublions
la pluie fine. Je me suspends à ta voix qui m'épargne
les cahots. Plus tard, seul, dans une nuit sans heure,

je repenserai à ta capuche, à ton manteau posé sur une
chaise, oublieux de ton corps qui lui donna chaleur.
Mes doigts s'engourdiront et tes songes m'enlèveront.