à mon frère Alain.
J'aime l'ombre et je fuis le zénith
qui la recroqueville. En hiver, le
soleil paresseux l'étire et j'ai
l'illusion d'avoir grandi.
L'ombre efface le visage, le grain
de la peau, la boucle des cheveux,
mais accentue la démarche au point
que le théâtre d'ombres chinoises
s'en est fait une spécialité, plus
juste encore que le guignol lyonnais.
Un jour je ne serai plus mais, plus
encore que mon corps parti au vent
mauvais, c'est la disparition de mon
ombre qui me cause souci. Ainsi rien
de moins illusoire que cette expression
de «royaume des ombres», creuse et non avenue.