jeudi 27 novembre 2014

Lido

Ni le cordon littoral
vénitien, ni les dancings
qui en prirent le nom.

Non, juste la bande étroite
de sable et d'alluvions qui
me conduira demain à Sète,

entre mer et étang. Je sais
qu'à l'approche de Saint-Clair,
je ralentirai la course, me

remémorant ce que je n'ai vécu,
ma grand-mère tirant les rats
à la carabine depuis sa «baraquette»,

mon arrière-grand-père portant monocle
pour s'en aller vendre son vin. Comme
toujours, je me garerai près de la criée,

pour humer les poissons et frissonner sous
le vol bas des goélands repus. J'écouterai
les voix et leurs éclats, je me ferai petit

comme quand, enfant, je mangeais sur le pouce
sur une plage où ton chanteur préféré rêvait
d'être enterré. Mais surtout, j'implorerai

Carco, Genet, Izzo et Pieyre de Mandiargues
pour qu'ils me donnent la force de parler dans ton
bar de l'honneur qu'en mourant un jour ils me transmirent.