vendredi 28 novembre 2014

Passeurs de livres

J'aime vos livres disparates, cornés,
grisés par les doigts successifs,
parapet de mots serrés contre la fureur 
des éléments. Au dehors la houle, au
dedans, le hasard des rencontres.

"Le Soulier de satin" pour en tirer deux
lignes, "Kiffe kiffe demain" pour une
lecture urgente, sur le pouce, à la
désespérée. Le temps alors n'a pas de
prise et le café brûlant refroidit dans

la tasse. Changement de décor, la voiture
avance lentement sur le miroir des eaux,
la capitale sombre et le naufrage est doux.
Sur ton étagère, vingt-neuf livres serrés ;
deux nous réunissent dont l'un m'accompagne

à présent. L'errance l'avait placé entre tes 
mains, l'échange le place entre les miennes.
Pour quelques temps. Vous êtes des passeurs
de livres, initiateurs précieux, éternels
insatisfaits au service de l'unique et de

l'intemporel.