Sans rien se dire, ou si peu,
ils se comprennent et vont,
à distance, d'un pas souverain.
Chacun, en les lisant, en les
écoutant, croit reconnaître,
celle ou celui qu'il perdit
un jour. Leur sourire alors,
un instant, s'esquisse, dans la
nuit froide des cafés tirant
le rideau sonore ou l'insomnie
tiède des hôtels solitaires où
l'on croit dormir du sommeil
du juste alors que l'on ne fait
qu'y attendre la passante, le
passant que le hasard fidèle,
un samedi soir, sous la lune,
entre bière et pression, nous mit
entre les mains pour ne plus jamais
nous quitter. Sans rien se dire,
ou si peu, ils se sont frôlés,
pour ne plus se lâcher, ou si peu.