Allonge-toi dans l'herbe tiède
du dix août et regarde le ciel.
Il est minuit et pourtant il te
semble laiteux. Épuise tes pensées,
ouvre-toi à l'univers. Tu n'es rien,
il est tout. Ou, plutôt, tu crois
n'être rien. Oublie la masse laiteuse,
force la vue et observe chaque étoile
comme séparément. Vois-la bleuir dans
ta rétine. Elle est unique. Comme toi.
C'est ta bonne étoile, fruit du hasard
et de ton amour de la vie. Ferme les yeux,
relève-toi, efface les traces de la tiédeur
humide dans ton dos et souris. Tu ne la vois
plus, elle est en toi. Étoile du berger, nord
magnétique qui te guidera et que je t'offre en
ce soir de novembre où une pluie froide tombe sur
Barcelone, voilant toutes les étoiles. Et chacune.