à celle qui se reconnaîtra
Ce sont ses mots à elle,
elle que je connais si peu.
Elle a, dit-elle, la voie lactée
au fond des yeux, quand le soir
l'enveloppe. Nul ne s'en doute.
Son sourire tait sa myopie. Elle
aime l'entre-deux de la nuit qui
pour tant d'autres pollue le ciel
d'éclaboussures de feu sacré. Les
contours s'estompent, le cœur se fait
mirage et la rencontre est au coin de
la rue. «Pardon, Mademoiselle, je ne vous
avais pas vue.» Elle éclate de rire aux
yeux - indistincts - de la belle inconnue
et s'en va avec elle, bras dessus, bras dessous,
en fredonnant un air ancien, comme un funambule
amoureux.