Tu n'en portes pas
et tes lèvres suivent
la couleur du jour.
De la pâleur de l'aube
à l'incarnat de minuit.
Alors je l'imagine, ce
tube court, à la noirceur
brillante. Sous la transparence,
est la pointe rouge sang. Encore
vierge de tout contact. Je descelle
l'étui, tourne et hume. La pâte est
sombre et épaisse. Ça sent l'agrume
tendre et la baie insidieuse. Je résiste
à l'envie de le croquer. Il n'est que la
triste métonymie du cercle de tes paroles.
Alors je ferme les yeux et t'imagine devant
le miroir. Tu t'en pares et t'y abrites. Tes
lèvres, séductrices, ne t'appartiennent plus.
Elles clignent à la glace et à mon désir caché
et, comme pour mieux sceller la promesse de l'aube,
s'impriment sur le verre en ovale ridé. Ta main se
joint à l'empreinte et écrit en signes déliés :
«Je t'attends, tu viens ?». Mais le miroir déjà n'est
plus et le rouge ne me laisse qu'une fragrance passée.