C'est devenu un rituel. Chaque année,
au mois de novembre, quand l'automne
froidit - ce qui n'est plus vraiment
le cas depuis deux ans -,
je prépare le cassoulet pour mes enfants.
Je l'élabore comme une ascension en
montagne. Cinq heures de concentration.
Qui me verrait me trouverait risible :
un Tartarin de Tarascon des cuisines
qui reviendrait avec des bartavelles,
l'œil vif, la moustache frétillante.
Mais nous n'en sommes pas à mi-chemin
et je vous écris un œil sur mes faitouts,
comme pharmacienne sur son tiroir-caisse.
Le repas sera bref, arrosé et enjoué.
Selon l'expression familiale, on se régalera,
même s'ils le jugent moins bon que dans
leurs souvenirs. J'aime la transgression, me
laisserai-je aller cette année à un second
exercice ? Pour mes grands restés loin.