Je pense à toi, en silence.
Je suspends mon souffle et
j'écoute ce silence où battent
tes paupières. Quand nous nous
rencontrons, je suis intarissable,
pour tromper l'émotion qui m'étreint.
Mais je t'avoue que maintenant, devant
ma table, c'est le silence que je recherche.
Ton silence, fin et savant. Sans miroir,
je le mime et m'y complais. M'enseigneras-tu
à le former et à le prolonger ? Car ton silence
n'est ni creux, ni vide, il se gonfle de pensées
que je ne connais pas, que je ne veux pas connaître,
tant ta liberté m'est chère mais il est fait de lettres
de couleurs dont j'aimerais m'inspirer pour écrire ces
vers brefs qui, je le pressens, sont les seuls à même
de relater ton passage dans un lieu, léger et entêtant
comme le bois de santal entre deux feuilles de papier.