vendredi 31 juillet 2020

Blé de Cerdagne

Blé de montagne,
court et dru, rétif
à l'enjambée furtive,

pâle reflet du soleil
qui dore tard et parle
aux étoiles filantes,

quand août prend son
envol. Blé de Cerdagne
que tes mains pétriront

sans jamais traverser
la frontière, ou presque,
les yeux rivés sur la lune.

Labyrinthes

Labyrinthes de couleurs,
page à page, que l'enfant 
suit d'un doigt mal assuré.

Pays déployés au cœur tendre
de l'été dans une chaleur
suffocante. Fraîcheur des

paysages enneigés et des
milliers d’îles de fantaisie
que les rêves sillonneront.

Dolçor Douceur

Un grapat d'abelles
rere finestres gruixudes.
Llegeixen els nanos.

***

Une poignée d'abeilles
derrière d'épaisses fenêtres.
Les enfants lisent.


Rosella del cor / Coquelicot du cœur

Rosella del cor,
no pas del meu,
ni d'un altre.

Flor lliure, entre
rosa, vermella i 
molt delicadament 

ataronjada, segueixes
el ventijol, segons
les teves ganes

i et gires cap al sol
per picar-li l'ullet,
sense mai cremar-t'hi.

***

Coquelicot du cœur,
pas de mon cœur
ni d'un autre.

Fleur libre, entre
rose, rouge et
très délicatement

orangée, tu suis
la brise, selon
tes envies et tu 

te tournes vers le soleil
pour lui faire un clin d'œil,
sans jamais t'y brûler.

Lletra blava / Écriture bleue

Lletra blava, elegant i precisa,
en un quadern d'escolar, quadriculat.
Mots escollits i que manen de la ploma

com aigua fresca de la font. Suau esquitx
de lletres i de sons. La poesia ja no és
una arma carregada de present, ni de passat,

és una companyia, un vademècum que ens guia
pels camins menys esperats, amb roselles a
les cunetes i petjades enamorades al terra.

***

Écriture bleue, élégante et précise,
sur un cahier d'écolier, à carreaux.
Mots choisis et qui coulent de la plume

comme eau fraîche de la fontaine. Douce
éclaboussure de lettres et de sons. La poésie
n'est plus une arme chargée de présent, ni de passé,

c'est une compagnie, un vade-mecum qui nous guide
sur les chemins les plus inattendus, avec des coquelicots
dans les fossés et des pas amoureux sur le sol.


Sense recança / Sans regret

Penso en l'estany fresquet
dels afores del poble.
Me l'imagino molt de matí,

sense ningú que l'honri,
lent miralleig de bombolles
i flaire suau de l'herba 

molla i del fang fresc sense
petjades veïnals. I jo, ben
lluny d'allí. Sense recança.

***

Je pense au petit étang bien frais
des alentours du village.
Je l'imagine de bon matin,

sans personne pour l'honorer,
lent miroitement de bulles
et odeur douce de l'herbe

mouillée et de la boue fraîche,
sans pas des voisins. Et moi,
bien loin de là. Sans regret.

Une assiette de soupette

À mon fils Martí

La soirée a bien avancé et la soupette,
triste de n'avoir été dégustée jusqu'à
la dernière pâte, dort déjà au frigo,

dans l'obscure froideur et le voisinage
de mets oubliés. Mais c'est sans compter
sur l'appétit de lion du costaud Martí.

La porte s'ouvre, l'assiette est prestement
retirée, au grand dam de ses proches voisins
d'infortune, et déjà elle se réchauffe.

Cinq minutes plus tard, il n'en restera rien, 
et, longuement, alors que mon fils dort du sommeil 
du repu, je la regarderai briller dans la nuit.

jeudi 30 juillet 2020

Lluna gebrada / Lune de givre

Com un cristall de gel
dins el cel blau d'estiu,
la lluna ens mira quieta

amb posat de vídua atenta.
És tan lluny i el firmament
tan buit que no se li veuen

les ulleres. Fa tants dies que
no dorm i tantes setmanes que
els homes, alliberats, ja no

la miren. Confineu-vos, amics,
per uns instants o una nit,
aquesta, i mireu-la. Per escalfar-la

***

Comme un cristal de gel
dans le ciel bleu d'été,
la lune nous regarde calme,

avec l'air d'une veuve attentive.
Elle est si loin et le firmament
si vide qu'on ne voit pas

ses cernes. Ça fait tant de jours
qu'elle ne dort pas et tant de semaines
que les hommes, libérés, ne la

regardent plus. Confinez-vous, mes amis,
pour quelques instants ou une nuit,
celle-ci, et regardez-la. Pour la réchauffer.























By courtesy of Margarita Freixas

Poemejant / En poémisant

Poemejar, com qui surt sota la pluja,
per buscar caragolines entre les herbes
altes. Deixar que em penetrin paraules

i sensacions. Inventar-me velers i llaüts
per la piscineta estreta, xerrar en pla
i tornar a la llengua antigua, oblidada,

del Nord de França, quan la mare em portava
al cinema parroquial a veure Le ballon rouge,
abans de beure una tassa de xocolata fumant.

***

Poémiser, comme qui sort sous la pluie,
pour chercher des petits gris parmi les herbes
hautes. Me laisser pénétrer par des mots et

des sensations. M'inventer des voiliers et des 
felouques dans l'étroite piscine, parler clair
et revenir à la langue ancienne, oubliée,

du Nord de la France, quand ma mère m'amenait
au cinéma des curés voir Le ballon rouge,
avant de boire une tasse de chocolat fumant.

Un fil rouge

à N. B.

Un fil rouge, comme un ballon
au-dessus de Ménilmuche en gris.
Une petite fille de La Courneuve

qui attend l'été et le car qui fume,
la semaine à la mer, sur la côte
d'Opale, les jeux, les tartines

et les coquillages glacés. Les années
passeront, les chiffres s'installeront,
denses et froids, mais, jamais, le fil 

rouge ne se brisera et c'est sans fil,
à distance, qu'un inconnu, dans ses propos
passionnés, le découvrira. Et s'y rendra.


Dues barques a la platja / Deux barques sur la plage

Dues barques exhaustes,
a la tarda, silencioses,
sense un esguard cap als

dos velers anhelosos d'horitzó.
Dues barques tendrament ajagudes,
plenes de peixos somiats i bótes

de Banyuls generós. Veles abaixades,
rems escamotejats, hores llargues
de frecs tebis i amor intemporal.

***

Deux barques épuisées,
l'après-midi, silencieuses,
sans un regard pour les

deux voiliers désireux d'horizon.
Deux barques tendrement couchées,
pleines de poissons rêvés et de tonneaux

de Banyuls généreux. Voiles affalées,
rames escamotées, heures longues
de frôlements tièdes et d'amour intemporel.

















© Gumersind Gomila (dibuix / dessin)

Fronteres del poble / Frontières du bourg

Ni rètols ni construccions,
la profusió de roselles
a la cuneta i la flaire

del farratge moll. Colors
de la natura deserta d'homes
i plena d'insectes i de serps.

Vida fronterera amb música
estrident de cigales solteres
i rellotge d'aigua i còdols.

***

Ni pancarte ni construction,
la profusion de coquelicots
dans le fossé et l'odeur

du foin mouillé. Couleurs
de la nature déserte d'hommes
et pleine d'insectes et de serpents.

Vie frontalière avec musique
stridente de cigales célibataires
et horloge d'eau et de galets.

mercredi 29 juillet 2020

Mentre llegeixes

No dic res i penso
en els teus dits que llegeixen
l'ànima dels dies.

Plors i rialles hermafrodites

Plora la caragolina
l'estimat, o l'estimada,
que ha deixat la lletuga

per l'ensiam vinagrer.
Riu el caragolí amb
l'estimada, o l'estimat,

que es disfressa amb
l'escarola de perruca
entre postres i dieta.

Transfronterera / Transfrontalière

Caminaràs per l'enclavament
petit, al bell mig de l'altiplà.
Deixaràs a l'esquerra la muntanya

sagrada, i aniràs seguint els ocells
franciscans cap als banys romans
d'aigua calenta. T'hi banyaràs

fins al vespre i en sortiràs, despullada
de la crisàlide antigua, sense que ningú
et miri, per pudor, cap a la vida senzilla.

***

Tu marcheras dans la petite
enclave, au beau milieu du plateau.
Tu laisseras sur la gauche la montagne

sacrée, et tu suivras peu à peu les oiseaux
franciscains jusqu'aux bains romains
d'eau chaude. Tu t'y baigneras

jusqu'au soir et tu en sortiras, dépouillée
de l'antique chrysalide, sans que personne
ne te voie, par pudeur, en direction de la vie simple.

Caminant suaument / En marchant doucement

El cel és tan blau i el camí tan sec,
veus com volen alt els ocells, escrivint
amb ploma viva, la història dels dies.

Avui, no escriuràs. Deixaràs que t'inspirin
mentre la pols del viarany es fa sorrenca.
Blancor de la sal somiada. Ni un pou d'aigua

en el camí per abeurar els pelegrins. Però
no perdis mai confiança que, en el moment
menys esperat, els horts, per tu, s'obriran.

***

Le ciel est si bleu et le chemin si sec,
tu vois comme les oiseaux volent haut, écrivant
de leur plume vivante, l'histoire des jours.

Aujourd'hui, tu n'écriras pas. Tu te laisseras inspirer
cependant que la poussière du chemin devient de sable.
Blancheur du sel rêvé. Pas un puits d'eau

sur le chemin pour abreuver les pèlerins. Mais
ne perds jamais confiance, car, au moment
le plus inattendu, les jardins, pour toi, s'ouvriront.

L'homme aux clichés

La grève est longue et la vie brève.
La course du jour s'achève et l'homme
avance, lentement, posément, le boîtier

à la main, entre terre et mer, nuages et
sable. D'autres passants cheminent graves.
Ses clichés ne seront pas pour eux, mais

pour la nature en apparence immuable.
L'embarras d'un goéland massif, un crabe 
rapide, une bouffée d'iode incessante.

mardi 28 juillet 2020

Polsim d'ales / Poussière d'ailes

Polsim d'ales. De papallona.
Colors delicades, com de guix.
Petjades lleugeres per als dits

dels enamorats. Safrà aeri que
no es deixa mai collir i fascina
els aprenents d'anamistat,

maldestres i entusiastes. Polsim
callat, sense la llengua de caracol
que, a dalt de tot, els delataria.

***

Poussière d'ailes. De papillon.
Couleurs délicates, comme de craie.
Pas légers pour les doigts

des amoureux. Safran aérien qui
ne se laisse jamais cueillir et 
fascine les apprentis en âmamitié,

maladroits et enthousiastes. Poussière
silencieuse, sans la langue en colimaçon
qui, tout en haut, pourrait les trahir.


Com un gust / Comme un goût

Com un gust de vida,
melmelada de llimona.
Pell àcida i sucre fos.

El cafè pot refredar-se,
ja té una ditada de sol
per a escalfar-se.

Com un gust de vida,
l'amor s'inventa mots
i, lentament, s'assolella.

***

Comme un goût de vie,
marmelade de citron.
Zeste acide et sucre fondu.

Le café peut bien refroidir,
il a déjà un soupçon de soleil
pour se réchauffer.

Comme un goût de vie,
l'amour s'invente des mots
et, lentement, s'ensoleille.

Últimes tardes / Derniers après-midis

Apartada del Carmel,
la mirada guinardeja
i abraça la ciutat.

No sents el canvi de llengua,
car els mots són del cor
i les petjades de tinta.

Si tingués tota la nit,
t'inventaria novel·les
on els poguessis trobar.

***

Loin du Carmel,
le regard se teinte de Guinardó
et embrasse la ville.

Tu ne sens pas le changement de langue,
car les mots sont du cœur
et les pas d'encre.

Si j'avais toute la nuit,
je t'inventerais des romans
où  tu pourrais les trouver.

De plata i d'argent / Argenté et d'argent

Entre els teus cabells d'atzabeja,
un fil de plata i un altre d'argent,
lluna lluna clara, lluna lluna fosca.

Entre els teus peuets de jade fi,
un teixit llis de verd marí,
lluna lluna clara, lluna lluna morena.

Entre els teus dits de maragda,
més de mil pàgines enceses,
lluna lluna clara, lluna lluna verda.

***

Entre tes cheveux de jais,
un fil argenté et un autre d'argent,
lune lune claire, lune lune sombre.

Entre tes petits pieds de jade fin,
un tissu lisse de vert marin,
lune lune claire, lune lune brune.

Entre tes doigts d'émeraude,
plus de mille pages enflammées,
lune lune claire, lune lune verte.

Foscor / Obscurité

La nit em convida
a conversar amb la lluna:
foscor platejada.

***

La nuit m'invite
à deviser avec la lune :
obscurité argentée.

lundi 27 juillet 2020

De sindria i taronja / De pastèque et d'orange

Com una posta de sol a l'estiu,
la melmelada ens mira rere el
vidre clar i rodó.

Silenci de sucre fos i sàvia
nostàlgia dels fruits sencers.
Ganivet precís de la cuinera

i hores lentes als fogons. Vindrà 
la foscor del rebost i, molt més 
tard, els crits dels infants.

***

Comme un coucher de soleil en été,
la marmelade nous regarde derrière
le verre clair et rond.

Silence de sucre fondu et sage
nostalgie des fruits entiers.
Couteau précis de la cuisinière

et heures lentes sur les fourneaux.
Bientôt l'obscurité du garde-manger et, 
bien plus tard, les cris des enfants.


Baixant per Tosca / En descendant Tosca

Baixant per Tosca
entre parets seques,
cap a la nit d'herbes,

xerrem i alentim el pas.
Hores llargues, minut intens,
la vida en un grapat de mots.

Baixant per Tosca,
entre somnis desperts,
cap a la vida de rosa.

***

En descendant Tosca,
entre murs de pierres sèches,
en direction de la nuit d'herbes,

nous devisons et ralentissons nos pas.
Heures longues, minute intense,
la vie dans une poignée de mots.

En descendant Tosca,
parmi des rêves éveillés,
en direction de la vie de rose.

dimanche 26 juillet 2020

Ecce mulier

Si maigre, voûtée, décharnée 
sous la robe noire de coton
qui flotte au vent,

une femme avance, le long de
la Real. En silence. À côté
d'elle une enfant, comme une

fleur violette, pétulante,
sautillante. Sa mère lui tient
la main, fort.

Tendresa / Tendresse

Com una carícia
a l'ombra del lledoner,
la tendresa riu.

***

Comme une caresse,
à l'ombre du micocoulier,
la tendresse rit.

Je ne veux pas

Je ne veux pas laisser
la langue de l'enfance
sur les trottoirs mouillés

de l'antique Dunkerque.
La langue patiemment apprise
de maîtres bienveillants,

cramoisis et austères, dans
leur blouse de nylon gris.
Et qui, encore aujourd'hui,

me réveille aujourd'hui, dans
d'infinies conjugaisons, que
j'aimais tant apprendre.

Cants d'ocells / Chants d'oiseaux

Breus i plens de vida
dins de la claror que 
s'imposa, fresqueta,

em saluden els cants 
d'ocells amb l'agror
greu de qualque gavina.

Ja és temps d'aixecar-se i 
de portar al forn la massa
que la nit ha fet llevar.

***

Brefs et pleins de vie
dans la clarté qui 
s'impose, frisquette,

les chants d'oiseaux
me saluent, avec l'aigreur
grave de quelque mouette.

Il est temps de se lever et
de porter au four la pâte
que la nuit a fait lever.


Llegir / Lire

Llegir. A la matinada.
Llegir molt de matí.
Uns fulls dispersos

que el vent entremaliat
ha deixat en pau. Una 
estona, amb la son.

Deixar-se amarar pels
sons d'una veu amiga
que els recitaria

al cau de l'orella.
Endevinar les esquelles
rere els mots, agudes

i lentes. I preparar-se
per a un final que, encara,
no existeix

***

Lire. Au petit matin.
Lire très tôt le matin.
Quelques feuilles dispersées

que le vent espiègle
a laissées en paix. Pour
un temps, avec le sommeil.

Se laisser imprégner par les
sons d'une voix amie
qui les réciterait

au creux de l'oreille.
Deviner les sonnailles
derrière les mots, aiguës

et lentes. Et se préparer
pour une fin qui, encore,
n'existe pas.

samedi 25 juillet 2020

Una hamaca

Al vespre, fosquet,
entre til·ler i cel,
una hamaca verda com

una vela d'esperança.
Vela, vetlla, veler.
Porta'm a una illa,

més enllà de l'oceà
furiós i de la rutina
casolana i deixa'm

llegir-hi mentre el sol
de sucre fos es pon.
Vela, vetlla, veler.

A escala petita / À petite échelle

Mots senzills i vius, guardats
amb amor i quietud. Confiança
inesperada en el poder de la nit.

La vida corre, fecunda font de sons
i records, i s'aprofita de la foscor
de la consciència per fer néixer

versos, estrofes, poemes rodons com
còdols del caminoi selvàtic. I al matí,
pura, la veu s'enfila per l'escala. Petita.

***

Mots simples et vivants, conservés
avec amour et quiétude. Confiance
inespérée dans le pouvoir de la nuit.

La ville coule, source féconde de sons
et de souvenirs, et profite de l'obscurité
de la conscience pour faire naître

vers, strophes, poèmes ronds comme
galets du sentier forestier. Et, au matin,
pure, la voix grimpe sur l'échelle. Petite.

Preguntes / Questions

He demanat a la lluna
perquè guardava les mans
dins de les seves butxaques.

- Són plenes de sal i sorra
i no vull tacar el cel,
en buidar-me-les.

- No facis la gata maula
i mira a l'entorn. Quiets,
tímids, el estels centellegen.

- Ja ho sé i no els vull veure.
Per això tanco els ulls i no
canvio mai el meu somriure.

- Diuen que, de goig, els van
escampar uns enamorats distrets
i que mai no els van recuperar.

***

J'ai demandé à la lune
pourquoi elle gardait
ses mains dans les poches.

- Elles sont pleines de sel et de sable
et je ne veux pas tacher le ciel,
en les vidant.

- Ne fais pas ta mijaurée
et regarde autour de toi. Calmes,
timides, les étoiles scintillent.

- Je sais bien et je ne veux pas les voir.
C'est pour ça que je ferme les yeux et
ne change jamais de sourire.

- On dit que, de joie, elles ont été
éparpillées par des amoureux distraits
et qu'ils ne les ont jamais récupérées.


Firmament

Le ciel est si bleu
que l'on croyait d'encre noire,
La faute à la lune ?

vendredi 24 juillet 2020

Moianeses

A la memòria de Rafael Casanova

De blat clar, les pastes.
De puja i baixa els carrers.
Onze de setembre.

El petit celler

Hores llargues i ombrívoles.
Rodoneta, la tassa de porcellana
m'escalfa la mà esquerra. Amb guix

blanc, la cambrera dibuixa feres i
ratolins en la pissarra verda.
Tothom s'oblida de l'hora i somriu

amb el nen que se'n meravella. Quan
ella se'n va, agafa el trosset de guix
i l'imita. S'inventa cavalls i riu.

***

Heures longues et ombreuses.
Toute ronde, la tasse de porcelaine
me réchauffe la main gauche. Avec une craie

blanche, la serveuse dessine des fauves et
des souris sur le tableau vert.
Tout le monde oublie l'heure et sourit

avec le petit qui s'en émerveille. Quand
elle s'en va, il prend le bout de craie
et l'imite. Il invente des chevaux et rit.


Marmelade

Citrons oblongs, qui
tiennent dans la main
qui les entaille.

Âpre, le jus coule entre
les doigts et la peau se
divise, épaisse, jaune vif.

La main, enlève la pulpe
blanche, amère. La coupe
sera grossière, qui baigne

dans le sucre. Bouillons
brûlants et lents, avant
de longues semaines de

repos, au fond du placard.
Désirs confus, d'ouverture
et de disparition.

De pain bis, à peine rassis,
et d'un autre couteau, rond
celui-ci, pour tartiner,

onctueusement, la marmelade
grossière et savamment, si
savamment acidulée.

Pàgines vives / Pages vives

Pàgines de pell, somiades,
morenetes, amb versos per
escriure, breus. De cinc

síl·labes, blancs, com els
dits d'una mà amanyagada.
Pàgines vives, passades

pel ventolí de l'alè amic.
Efímeres i que el sol ponent
s'emporta. Fins a l'endemà.

***

Pages de peau, rêvées,
brunettes, avec des vers à
écrire, brefs. En cinq

syllabes, libres, comme les
doigts d'une main amadouée.
Pages vives, tournées

par la brise du souffle ami.
Éphémères et que le soleil couchant
emporte. Jusqu'au lendemain.

Paper de seda / Papier de soie

Papallones de color,
de paper de seda fi,
quasi transparent.

Colors delicats, com
de llavis perfumats.
Delícia d'un matí clar.

Papallones de fervor,
com navalles lleugeres
que esculpirien el món.

***

Papillons de couleur,
en fin papier de soie,
presque transparent.

Couleurs délicates, comme
de lèvres parfumées.
Délice d'un matin clair.

Papillons de ferveur,
comme de légers rasoirs
qui sculpteraient le monde.

Un dojo

Un ancien garage aux lourdes
portes d'acier et, derrière,
à l'étage, des appareils huilés.

Au centre, la paix de tapis serrés
où le combat alterne avec le spectacle.
Les petits jouent, maladroits et désireux.

Le temps passera vite qui les verra combattre,
adroitement et, à leur tour, amuser des petits,
derrière les lourdes portes d'acier. 

jeudi 23 juillet 2020

Un doctor / Un docteur

Lentament, amb parsimònia,
guarda els vells tatamis,
apaga els llums i se'n va.

Llargues hores l'esperen,
en una llengua d'ultramar.
Al fil cremant de l'estiu,

no deixa mai d'estudiar,
que la defensa s'apropa
amb el birret de doctor.

***

Lentement, avec parcimonie,
il range les vieux tatamis,
éteint les lumières et s'en va.

De longues heures l'attendent,
dans une langue d'outremer.
Sur le fil brûlant de l'été,

il n'arrête jamais d'étudier, 
car la soutenance approche,
avec le bonnet de docteur.

Tancada

La casa és tancada,
no la podrem visitar,
lentes passes de vellut

del conillet entristit.
Pentinat com una estrella,
no veu mai on camina i li

segueixo el rastre atzarós.
Guieu-me per la nit fresca que 
una bruixa se m'ha endut el llum.

Plaça

Com una mà oberta al món,
la plaça petita del Colom,
mirada morena i pell d'or.

Rialles de nens i homenatge
d'un lector a una autora.
Perquè l'amor em visita

tot denegant-me la targeta?
Silenci de mitjanit i somnis
saviament intemporals.

Pensant

Somriure de seda,
calor per tots els carrers,
la vida segueix.

Còdols pintats / Galets peints

Als nens del Casal de Moià

Còdols del camí, llissos, clars
i suaus, d'aquells que s'escalfen
en la mà com un conillet d'Índies.

Hores callades, tots junts, pintant,
sota la mirada del Jigorō Kanō, benèvol.
I, al final, neix tot un paisatge d'amistat.

Un camí, un prat i un rierol on caminar,
lentament o corrent. El final d'una activitat
pot ser el començament d'una amistat. Infinita.

***

Galets du chemin, lisses, clairs
et doux, de ceux qui se réchauffent
dans la main comme des cochons d'Inde.

Heures silencieuses, ensemble, à peindre
sous le regard de Jigorō Kanō, bienveillant.
Et, à la fin, la naissance d'un paysage d'amitié.

Un chemin, un pré, un ruisseau où marcher,
lentement ou en courant. La fin d'une activité
peut être le début d'une amitié. Infinie.


Una vida senzilla

Una caseta al fons del jardí
amb una porta de fusta bona,
plena de llibres i d'inquietuds.

Un raconet càlid, amb un llit
de cotó blanc i uns pesos negres.
Plaer senzill de la lectura

imaginada i de les hores vives.
Olor de cafè, el pa ha llevat.
Ja és hora de començar a viure.

Nourriture brûlante

Un papier d'argent
et la nuit soudain si noire
envie d'absolu.

lundi 20 juillet 2020

Día de duelo

Y el viejo boxeador se fue,
esquina tras esquina, sin 
volverse atrás.

Nos dejó huérfanos de páginas,
el que fue el calor de muchos,
sin padre ni familia.

Tibio sol de Shangai en lóbregas
filas del Roxy, mientras, fuera,
imperaban el hambre y el miedo.

Veus

Dos ocells de nit,
xerrant de tot, mai de res,
plaer absolut.

dimanche 19 juillet 2020

Un roi et une reine

Pour rire, enlacés,
un roi et une reine
vivant le carnaval

en plein cœur de l'été.
Martí, en preux chevalier 
barcelonais, la jolie Anaïs

aux couleurs de l'Orient.
Deux sourires blonds et un 
même cœur comme un royaume.


Paraules petites / Petits mots

Paraules petites, gastades totes,
com còdols del rierol, paraules
amigues, senzilles i justes,

busques de coure del meu rellotge
intern. Us guardo en la mà com un
animalet nounat, calent i tremolós.

I penso, amb emoció, en la veu que
les porta, des del fons de l'ànima
per acompanyar-me en la condolença.

***

Petits mots, tout usés,
comme des galets du ruisseau, mots
amis, simples et justes,

aiguilles de cuivre de mon horloge interne. 
Je vous garde dans ma main comme un petit
animal venant de naître, chaud et tremblant.

Et je pense, avec émotion, à la voix qui
les porte, du tréfonds de l'âme
pour m'accompagner dans ma condoléance.

Baumes

Les passes s'alenteixen, a recer
de les roques. Com uns carrers
immemorials, les baumes guien

els passejants, excursionistes
o curiosos extraviats. Olors de
bolets i ganes de sobrassada.

Si fos Déu, m'hi inventaria una
illa petita, entre pedrera i molsa,
per a passar-hi l'estiu, mandrós.

***

Les pas se font plus lents, à l'abri
des roches. Comme des rues
immémoriales, les baumes guident

les passants, randonneurs
ou curieux égarés. Odeurs de
champignons et envie de soubressade.

Si j'étais Dieu, je m'y inventerais une
petite île, entre carrière et mousse,
pour y passer l'été, paresseusement.


El bes / Le baiser

Com sortint d'un quadre amagat,
sensual i tebi, moll i tímid,
un bes. Únic i llarg, amb els ulls

tancats i la ment en blanc. Olor
de violeta i sabor d'aranja madura.
Beneïda fretura de mots i pregàries.

Oberts els ulls i resseca la boca,
el bes queda gravat en la memòria
del visitant. Per tota una vida.

***

Comme sortant d'un tableau caché,
sensuel et tiède, mouillé et timide,
un baiser. Unique et long, yeux

clos, l'esprit vide. Odeur de violette 
et goût de pamplemousse mûr.
Bienheureuse disette de mots et de prières.

Yeux ouverts, la bouche sèche,
le baiser reste gravé dans la mémoire
du visiteur. Pour toute une vie.

JUAN MARSÉ

Escric amb molta emoció. En català, la seva llengua primera. Ha mort Juan Marsé i la seva Barcelona es desperta plorant. 

Ha acompanyat gran part de la meva vida i no em deixarà fins a l'últim pensament. Em va ensenyar a conèixer la veritable Barcelona, humil, treballadora, menestral, amb amor i ironia. Em va invitar a compartir el seu «Barri mental» que ell mateix definia com un «cóctel de barriadas».

Estic segur que la Fueguiña, «dulce sol de nuestras esquinas» en Si te dicen que caí està plorant. Peró no pas plors de tristesa o desesperació sinò de goig i esperança. 

En aquell període tan dur per al Cap i Casal de Catalunya, mig confinat, el Pijoaparte des del Bar Delicias ens anima a protegir-la perquè no deixi mai de ser una ciutat de pobles i barris.


No em diguis / Ne m'appelle pas

En memòria del Carlos Barral

No em diguis mestre, tot just 
sóc un capità de iot somiant,
sense embarcació, però amb

una vela ampla, tota blanca,
de lli fi, tantes vegades
apedaçada, on vaig escrivint

el dia a dia d'un barri suburbial.
Quadern de bitàcora sense un dia
en blanc però amb ploma apassionada.

***

Ne m'appelle pas maître, je ne suis
qu'un capitaine de voilier qui rêve,
sans embarcation, mais avec 

une voile large, toute blanche,
en lin fin, si souvent
raccommodée, où j'écris peu à peu

le quotidien d'un quartier de banlieue.
Livre de bord sans un jour vierge
mais écrit d'une plume passionnée.

Xipolleig / Clapotis

En plena nit, quan els rellotges
exhaustos han perdut les busques,
un xipolleig a penes perceptible,

aquell d'una piscina no gaire lluny,
soleta sota la lluna tan blanca i que
s'avorreix, sense els jocs dels infants.

Una remor a la vegada tímida i punyent,
l'obsessió de l'espera i l'insomni del
veí desitjós de tornar a l'ecriptura.

***

En pleine nuit, quand les horloges
épuisées ont perdu leurs aiguilles,
un clapotis à peine perceptible,

celui d'une piscine non loin,
toute seule sous la lune si blanche 
et qui s'ennuie, sans les jeux des enfants.

Une rumeur à la fois timide et lancinante,
l'obsession de l'attente et l'insomnie
de l'habitant désireux de retourner écrire.

Llom acordió / Un dos en accordéon

Lectura de dretà; per fi el llibre
dorm al teu costat, amb el seu llom
com un acordió. Tantes pàgines obertes

de bat a bat, blanques finestres sobre
el món rural. Igualetes, al parer, amb
les seves columnes i línies de caràcters

estrets. Ara les imagines, cadascuna al
costat de l'altra, com un llençol quiet
o una vela inflada. Un rectangle encegador

d'uns cinquanta metres per trenta sis. Un
camp de futbol en petit, per partits selectes
entre uns personatges que no oblidaràs mai.

***

Lecture de droitier ; enfin le livre
dort à côté de toi, avec son dos
comme un accordéon. Tant de pages ouvertes

en grand, blanches fenêtres donnant sur
le monde rural. Toutes égales, en apparence,
avec leurs lignes et leurs colonnes de caractères

étroits. À présent, tu les imagines, les unes à 
côté des autres, comme un drap paisible
ou une voile gonflée. Un rectangle aveuglant

de cinquante mètres sur trente-six. Un
terrain de football en petit, pour des matchs choisis,
entre des personnages que tu n'oublieras jamais.


samedi 18 juillet 2020

Sembrant floretes / En semant de petites fleurs

Esmicolat el llibre per unes mans 
begudes i grolleres, l'amor, perdut,
fa del terra una catifa de gespa

preciosa on les seves mans tremoloses
van sembrant floretes petites i plenes
d'esperança. Com els menuts aprenen a

llegir, unint, maldestres, les lletres
per formar mots i frases, els bocinets
de paper, collits, ensenyen del món

el cant profund, molt més enllà de la vida
de cadascun de nosaltres, pobres pecadors
que busquen per aquesta terra l'ànima bessona.

***

Une fois le livre déchiré par des mains
enivrées et grossières, l'amour, éperdu,
fait du sol un tapis de gazon

précieux où ses mains tremblantes
sèment de toutes petites fleurs pleines
d'espérance. Comme les petits apprennent à

lire, en joignant, maladroits, les lettres
pour former des mots et des phrases, les petits
bouts de papier, cueillis, révèlent du monde

le chant profond, bien au-delà de la vie
de chacun de nous, pauvres pécheurs
qui recherchent sur cette terre leur âme sœur.

Fent dissabte / Nettoyage en grand

A poc a poc, la casa s'ha replegat
en si mateixa, sota una lleugera
capa de pols i avorriment.

En un tres i no res, van canviant
les coses i és com si ballessin
plegats escombres i draps, esponges

i raspalls. En lloc del silenci,
cançons i danses. D'avorriment,
ni un gra. Reneix la casa.

***

Peu à peu, la maison s'est repliée
sur elle-même, sous une légère
couche de poussière et d'ennui.

En un tournemain, les choses se mettent
à changer et c'est comme si, dans un bel
ensemble, balais et torchons, éponges et

brosses dansaient ensemble. Au lieu du silence,
des chansons et des danses. En guise d'ennui,
rien du tout. La maison renaît.

Gust de sal marina / Goût de sel de mer

Gust de sal marina i 
iode, a les fosques,
sense sortir mai del

port de llençols rebregats
i coixins quiets. Horitzó
de tirabuixons embruixats

i riberes de tendres llavis
assedegats. Silenci d'alens
units que s'estan adormint.

***

Goût de sel de mer et
d'iode, dans l'obscurité,
sans jamais sortir du 

port des draps chiffonnés et 
des coussins calmes. Horizon
de boucles ensorcelées

et rivages de tendres lèvres
assoiffées. Silence de souffles
unis qui s'endorment peu à peu.

Nostàlgia del Manolo

Nostàlgia del Sant Magín
de Los Mares del Sur. Ganes
de tornar als trenta anys

quan pujava les escales
de l'estació de Bellvitge
amb un regust de Jumilla

que només existia en les
tavernes fosques del món
novel·lesc. Viva emoció

en retrobar els apunts i
la guia urbana exhausta
que em va fonamentar.

A la recherche du récit perdu dans les mers du sud... — Espagnol

Amor a la vida / Amour de la vie

Ensenya'm a llegir
en un llibre bonic,
de cuir i paper bo.

Força pesat i olorós,
perquè el fons fosc
de la meva butxaca

me'n recordi el preu
impagable, vademècum
valuós, a l'hora

d'emprendre el camí
cap a la felicitat
amb paraules teves.

***

Apprends-moi à lire
dans un joli livre,
en cuir et en vélin.

Bien lourd et odorant,
pour que le fond sombre
de ma poche

m'en rappelle le prix
inestimable, vade-mecum
précieux, à l'heure

de prendre la route
en direction du bonheur,
porteur de tes paroles.

Animalets / Petits animaux

Petits ratolins
rosegant l'espiga tendre
d'una nit d'estiu.

***

Petites  souris,
rongeant l'épi tendre
d'une nuit d'été.

vendredi 17 juillet 2020

No em deixis / Ne me laisse pas

No em deixis descansar,
que tindré tota la llarga
nit dels dies sense hores

per reposar. Obre'm tots
els calaixos i l'aparador
vell que m'inventaré oficis

improbables per quedar-me
al teu costat. No em deixis
callar, tenim tant a compartir.

***

Ne me laisse pas me reposer
car j'aurai toute la longue
nuit des jours sans heure

pour me reposer. Ouvre-moi tous
les tiroirs et le vieux buffet
car je m'inventerai des métiers

improbables pour demeurer
à tes côtés. Ne me laisse pas
me taire, nous avons tant à partager.

Raconet / Petit coin

He somiat un lloc petit, càlid,
a recer dels afores malèvols,
a l'ombra d'un til·ler plàcid

i no gaire lluny d'una talaia
de nous, ametlles i avellanes.
Un raconet indescriptible on

passar una nit sencera, despert,
escrivint amb ploma blava a la 
llum dels estels i de la lluna.

***

J'ai rêvé d'un lieu petit, chaleureux,
à l'abri des banlieues malveillantes,
à l'ombre d'un tilleul placide

et non loin d'une tour de guet faite
de noix, d'amandes et de noisettes.
Un petit coin indescriptible où

passer une nuit entière, éveillé,
à écrire à la plume bleue à la
lueur des étoiles et de la lune.

Immatérielle

La main s'ouvre et se tend,
sans s'abandonner. Il y a peu,
elle se dressait haut, sur les

barricades de l'esprit, contre
les faux-semblants et la pacotille.
En se disjoignant, les doigts offrent

de l'air et du temps, la disponibilité
de l'âme et la force du corps. Noirceur
tout autour : la vie, claire, s'affranchit.


Mira'm / Regarde-moi

Mira'm al cor, tot tancant els ulls.
Amb els dits de l'ànima, prims, inquiets.
Parla'm de les hores passades a la tardor,

dins els boscs que, gelosos, envolten la casa.
Dels bolets petits i olorosos : gírgoles suaus
i escaldabecs amargs, que s'amaguen en silenci.

Ensenya'm la complexitat del món i la seva bellesa,
el cruixir de passes lentes pels viaranys ombrosos
i la pressa de tornar a dintre per assaborir-les.

***

Regarde-moi dans le cœur, tout en fermant les yeux.
Avec les doigts de l'âme, minces, inquiets.
Parle-moi des heures passées en automne,

dans le bois qui, jaloux, entourent ta maison.
Des petits champignons odorants ; douces girolles
et russules amères, qui se cachent en silence.

Montre-moi la complexité du monde et sa beauté,
le craquement des pas lents dans les sentiers ombreux
et la hâte de revenir à l'intérieur pour les savourer.

Les doigts qui ont aimé

Les doigts qui ont aimé,
au fil de la journée,
portent en chaque lieu
comme une empreinte bleue.

Les doigts qui ont rêvé,
trempent dans l'encrier
leurs ongles taillés court
et l'odeur de l'amour.

Les doigts qui ont puisé
au creux de l'abandon
un peu de déraison,
jamais ne sont usés.

Bestiari / Bestiaire

Tan nostres entre els dits creuats,
uns animalets com uns grans de
sorra grossa.

Fantasia amable i inesperada per qui
surt del túnel de la nit amb gust de
cítrics i de llum de sol congelada.

Cants d'ocells en el silenci fresquet
d'un matí de juliol. Tancats els llibres,
se'n desperta el bestiari, obrint pàgines.

***

Si nôtres entre les doigts croisés,
de petits animaux comme des grains
de sable grossier.

Aimable fantaisie, inattendue pour qui
sort du tunnel de la nuit avec un goût
d'agrumes et de lumière du soleil congelée.

Chants d'oiseaux dans le silence frisquet
d'un matin de juillet. Les livres colos,
leur bestiaire s'éveille, ouvrant des pages.

Somni

I sota els meus dits,
un estany de molsa viva.
Brilla la foscor.

jeudi 16 juillet 2020

C'est la vie...

Quand le ciel rosit
et que les maisons
aveugles se fondent

dans l'épaisse forêt,
l'envie vous prend de
vous serrer à l'autre

dans un baiser sans fin
où les lèvres se mêlent
entre les tièdes rochers

des dents. Les yeux clos,
les cœurs battent sourdement
la chamade : c'est la vie...

By courtesy of Olivier Goaoc


Com el fil

Com el fil de la navalla
entre el quinze i el setze,
s'interromp el silenci

i la lectura blava rastreja
formigues amb forma de lletres.
Amor que no vol ni pot dir

el seu nom. Paraules petites,
tan càlides, mentre, a poc a poc,
s'acluquen els ulls. Dia ple.

Imago

La cuticule se fend
sous le poids de la vie
et le vert est si clair.

Transparence des ailes
nervurées de la cigale.
La mue s'achève et le

chant, lancinant, arrive.
Bienheureuse mue qui
affranchit le tendre du sec.

mercredi 15 juillet 2020

M'ha parlat

M'ha parlat el silenci,
i no li he respost.
Bategaven els cors,

al bell mig de la nit.
No en volia més,
el sabia present.

Blau i lila / Bleu et mauve

El cel i un pessic de sang
apassionat. Dos colors, una
escriptura. Batec tan lent,

bateig tendre. On és el tinter
on neix la font, rajant a poc
a poc? No et paris mai de traçar

lletres, signes o jeroglífics
que el món te'ls demana i la vida,
lenta, s'hi mou amb desimboltura.

***

Le ciel et un soupçon de sang
passionné. Deux couleurs, une
écriture. Battement si lent,

tendre baptême. Où est l'encrier
où naît la source, sourdant peu
à peu ? Ne t'arrête jamais de tracer

lettres, signes ou hiéroglyphes
car le monde te les demande et a vie,
lente, s'y meut avec désinvolture.

Ministeri ocult

Ocult el ministeri,
sé n'anaren aviat,
sense acomiadar-se

dels antics coneguts
ni dels a penes saludats.
Fou un viatge breu. Tot

just un trajecte entre
suburbi i resclosa.
Necessitaven beure

amb els ulls l'aigua
espessa del canal
per a retrobar-ne

el poder evocador,
la vida sorprenent
de les portes de ferro.

Gaubança

Aprendre llegint
paraules noves,
veure aparèixer

sota la mirada
associacions de
lletres inaudites,

Sons clars rodons
que m'envaeixen tot.
Gaubança plena,

goig tan viu que la
boira roman baixa
i el cor s'enlaira.

mardi 14 juillet 2020

De la lluna al sol

Mentre no t'adormis,
sol lila de la contrada,
vetllaré per tu.

I després, quan surt el sol

Nit de trons i ruixats.
Terra fangosa, olor
de bolets en remull.

Regalima la pluja pel
meu cos, a bots i
barrals, tendres i

violents. Ballo amb
llampecs i quan surt
el sol, em pentino.

lundi 13 juillet 2020

Primavera / Printemps

He deixat enrere la primavera,
plena de jardins deserts i de
persianes tancades.

De somnis apagats i d'esperances
verdoses. Ara bé, la força de l'amor
a la vida m'hi ha tornat, de sobte,

un matí de juliol, entre mar i mont.
He retrobat els camps de blat verd
curulls de roselles grasses i lleus.

I per regraciar-los, m'he llançat a
una dansa folla: el ball del dragonet
de nit i de les augustes sargantanes.

***

J'ai laissé derrière moi le printemps,
plein de jardins déserts et de
volets tirés.

De rêves éteints et d'espérances
verdâtres. Or, la force de l'amour
de la vie m'y a ramené, soudain,

un matin de juillet, entre mer et montagne.
J'ai retrouvé les champs de blé vert
emplis de coquelicots gras et légers.

Et pour les remercier, je me suis lancé dans
une danse folle : le bal du gecko de nuit
et des lézards révérencieux.


Un jersei fosc / Un chandail foncé

Un jersei fosc, honest,
de llana càlida, senzilla,
i la tardor, tímidament,

es vesteix d'hivern. Roures
callats, d'escorça gruixuda,
regalimant d'aigua freda i

pensaments fugaços. Hora baixa,
ben lluny de la ciutat remorosa 
i del seu tracte afalagador.

***

Un chandail des plus foncés,
en laine chaude, simple,
et l'automne, timidement

s'habille d'hiver. Chênes
taiseux, à l'écorce épaisse,
ruisselant d'eau froide et

de pensées fugaces. Heure tardive,
bien loin de la rumeur sourde de la
ville et de con commerce flatteur.

Au fil de l'eau

Verte épaisse et lente, 
chargée d'effluves toulousains,
l'eau du canal dévide le temps,

d'écluse en écluse, en irriguant
les terres à vin et à blé.
Des siècles, la vive blessure

puis la lente cicatrice aux mains
des haleurs. Lourdes gabarres
chargées de blé puis pénichettes

de loisirs simples et riants. Douce
viscosité de l'eau tiède qui laisse,
entre les doigts, le gravier des amants.

Aprendre la discreció

Un farcell, una illa
d'uns pocs mots esmicolats,
la foscor dels ulls.

dimanche 12 juillet 2020

Va llevant la massa / La pâte lève

Pentinades pel vent,
les espigues somien,
tan clares, farina

dibuixada, or blanc
de la fleca petita,
al cor del bosc serè.

Barrejades amb l'aigua
i un pessic de sal fina,
es despullaran de la palla,

i descansaran tranquil·lament
dessota el drap de cuina gris,
en espera dels dies inesperats.

***

Peignés par le vent,
les épis rêvent,
si clairs, farine

dessinée, or blanc
de la petite boulangerie,
au cœur du bois serein.

Mélangés à l'eau et
à une pincée de sel fin,
ils se dévêtiront de la paille,

et reposeront tranquillement
sous le torchon gris,
dans l'attente de jours inattendus.


Silenci / Silence

Després d'hores xerrant,
des de la nit fins a la lluna,
el silenci s'està instal·lant.

Lluny, molt lluny, l'Eric Clapton
confessa que ha matat el xerif a
falta d'estrangular el diputat.

Moment espés, plaent, necessari,
reflexions i ocurrències. Entre
moltes, un poeta rodejat d'amics

al Peri d'Es Migjorn Gran i una
sargantana baixeta que es busca
un lloc d'aigua, a l'ombra fresca.

***

Au terme d'heures de conversation,
depuis la lune jusqu'à la lune,
le silence s'installe peu à peu.

Au loin, très loin, Éric Clapton
avoue qu'il a tué le sheriff, faute
d'avoir pu étrangler le député.

Moment épais, plaisant, nécessaire,
réflexions et idées inopinées. Entre
autres, un poète entouré d'amis

au bar Peri d'Es Migjorn Gran et un
tout petit lézard qui recherche
un point d'eau, dans l'ombre fraîche.


La Vouivre

Te souviens-tu, Maman,
de La Vouivre,ce petit
téléfilm tiré d'un conte

de Marcel Aymé. Les fauteuils
étaient profonds et l'histoire
fascinante. Le temps, hasardeux,

m'en renvoie le souvenir. Et
la Vouivre, jolie petite sorcière
serpentine de revivre un temps.

samedi 11 juillet 2020

l'entremaliada

Del barret petit
es treu una sargantana
i li diu poeta.

Ulleres / Lunettes

Ulleres com miralls
i finestres, obertes
al cor i al món de fora.

Lectures compartides i
assaborides a distància.
Cau lentament la nit i

fan giragonses de lluïssor
les ulleres que s'estimen.
Pau, justícia i versos.

***

Des lunettes comme des miroirs
et des fenêtres, ouvertes
sur le cœur et le monde du dehors.

Des lectures partagées et
savourées à distance.
La nuit tombe lentement et

Les lunettes qui s'aiment
ont des reflets qui tournoient.
Paix, justice et vers.