dimanche 24 mai 2015

Des gens vrais

Je ne les connaîtrai jamais, ces gens vrais
que vous avez connus dans une ville amie.

Ils sont passés et ont glissé entre les murs
hauts et blancs, couronnés de tuiles rouges.

Pourtant, ce soir, malgré le vent froid et aigre,
je sors dans l'entrelacs des rues, sans personne,

et je m'imagine leurs pas serrés, vos rencontres,
au hasard des commerces, des soirées autour d'un vin

franc sous la lampe tiède. Nulle parole que le frôlement
des oiseaux indistincts, mais tout me parle d'une chaude

humanité. Sous le réverbère, la marque noire d'un pneu
sur la chaussée, un paquet de cigarettes froissé dans 

la pelouse, une odeur de soupe aux poireaux qui ne veut pas
partir. Et la nostalgie de ce que je ne connus pas et pourtant

reconnais.