mardi 26 mai 2015

Une urgence lente

Une urgence lente, tel est ce mouvement 
qui me poussa à plier nonchalamment la 
table pour vous rejoindre devant mon écran.

Je vous sentais affairée, non loin d'ici, alors 
que le ciel se peignait d'or et que les oiseaux
se taisaient, tout à mastiquer la vie des hommes.

Je fis silence, à leur image, et ne mastiquai rien,
moi qui n'avais pas levé les yeux de mes livres et
de mes lubies. Et du silence naquit une fleur menue

et odorante, entre mauve et violine. J'approchai l'oreille
de sa corolle. Tout d'abord je n'entendis rien que l'air
du soir pressé d'aller se coucher dans la perspective de
sa grosse journée du mercredi, puis je perçus comme un 

frôlement continu, un chuchotis, une rumeur légère.
Des sons puis des syllabes s'en détachèrent. C'était une
longue geste en mètres réguliers qui n'eût pas déplu

à un médiéviste strasbourgeois. Il était question de reflets
clairs sur un visage vif et d'une voix douce qui dépassait
les saisons. Je crus vous y reconnaître et à présent viens vous

en interroger.