Retenir le temps,
ralentir la course du sable
dans la main qui l'égrène.
Penser aux frontières indistinctes
de la ville qui nous séparent au fil
de l'eau. Le blé ondule sous le vent
et l'épouvantail s'agite près du cerisier,
dans le silence et les coups d'œil narquois
des passereaux qui grappillent les épis.
Retenir le temps, pour un jour, pour toujours.
Le prendre par l'épaule et le conduire dans les
chemins où personne ne va. Nos jambes se frôlent
qui écartent les hautes graminées. Le sens-tu, toi
qui, sans que nous ne nous soyons jamais tutoyés,
retiens encore un peu le temps et croques la cerise ?