Les mines du roi Salomon ne sont rien pour moi.
Absolument rien. Mon cœur va vers les mines de
Valmanyà, au pied du Canigou. Abandonnées depuis
des lustres du temps que j'étais enfant. Mon pépé
les avait acquises avec sa petite propriété qu'il
appelait la Cova, en souvenir de son île lointaine.
Me prenant par la main, il m'y emmenait, me promettant
l'Eldorado à l'âge d'homme. Je le croyais, examinais
les pierres comme s'il s'était agi de pépites précieuses.
Je ne voyais alors qu'une bouche sombre, énorme et infinie.
Je la pris longtemps pour la bocca della verità avant que,
à l'automne de ma vie, le tunnel de Malpas ne m'en offre
une vision sereine et claire en son terme. Que sont devenues
les mines ? Il est à craindre qu'elles ne se soient encore
éboulées, remisant à jamais les rêves des enfants oubliés.