Franchir les mers et la rocaille
des chemins, délaisser l'oiseau
blanc qui brûle le ciel.
Arriver au pays de nulle part,
au pays qui te ressemble,
aux fruits juteux et lourds
qui embaument la soirée. Délacer
les épaisses chaussures, panser
les pieds échauffés par les blessures,
sous ton seul regard qui sent l'anis
et le levain des boulevards circulaires.
Délaisser l'infinitif enfin, qui ne connaît
de terre, de mer ni d'océan, et te dire
que je t'aime. Tu seras là, sans rien
demander, tes cheveux libres et noués
de tendresse, d'un ruban qui appelle
mes doigts, comme sur le macadam vide
de population, les larges raies blanches,
insistantes, appellent le passant à gagner
l'autre rive, celle du bon vivre et des plages
proches, dans le son permanent des cruches
d'eau fraîche qui s'entrechoquent dans l'attente
de l'anis et de la glace pilée. Un jour, peut-être,
un jour, sûrement.