vendredi 24 avril 2020

L'eau vive

Si loin sont la source
et l'embouchure. Seize
heures sonnent quelque

part, le groupe s'est
enfui, balayant d'un 
rire le rayon précis

et les soixante minutes.
Les herbes sont hautes
que jalonnent, serrés,

les coquelicots. On rit,
on se pousse, on dévale
la pente jusqu'à l'ombre

fraîche. Là, à l'abri du
regard des gendarmes et 
des horloges graves,

la main caresse l'eau
vive, suivie bientôt
des mollets retroussés,

les chaussures à la main.
Ocre du limon des hauts
cantons emporté prestement

et des paillettes d'or que
les enfants croient saisir
entre leurs doigts. Deux

heures se sont écoulées, on
se rechausse et on remonte
la pente en traînant des pieds

et en fredonnant «Y'a d'la joie».
Le soir sera de chuchotements
et la nuit d'encre brune.