lundi 4 mai 2015

Une nuit de pleine lune

L'air a fraîchi, la fumée s'est envolée,
la voici seule sur le grand lit blanc.

La fenêtre grande ouverte ruisselle de métal,
le chat se terre, les objets familiers font cercle,

elle est revêtue de lin blanc et se tient prosternée,
paumes ouvertes vers le ciel aveugle. Non loin, son

cœur de gratitude. Elle oubliera le temps et se réveillera,
sur le dos, en sueur, le cœur de pierre collé à ses deux

mains croisées, comme ces nuits où son bras exsangue devient
autre pour mimer celui de l'amant demeuré loin et qui l'attend,

en ce moment même, tout contre le Rhône argenté par la lune pâle,
écarquillée, leur princesse à tous deux. Lui qui ne le sait pas.